Nolwenn et ses curiosités, fêlures et maturité.
Mille personnes (sur mille quatre cents places). ont apprécié la "première", hier soir, de la nouvelle tournée de Nolwenn Leroy.
Les lillois avaient laissés une jeune fille au zénith. Ils ont retrouvé, au Grand Palais, une femme un rien femme-enfant. Dans un décor étudié, Nolwenn Leroy a ouvert un cabinet de curiosités cohérent et sa voix, enrichie de fêlures et de sensualité, a encore gagné en maturité.
"Il y a dans mon coeur une femme, qui attend le bon moment pour offrir ses présents" chante Nolwenn Leroy. Artistiquement, ce moment est venu. Un univers plus personnel, des textes plus sentis, des airs plus rock et plus enveloppants, la jeune femme d'Histoires Naturelles, bien campée dans sa robe fluide et mutine, ouvre d'une voix mûre à son "mystère très loin dans la galaxie".
Eraflures nouvelles, chuchotements de soie, petits grains de velours et de douleur s'ajoutent à la puissance sombre et à la sensualité de sa voix. Elle a grandi à tous points de vue et ce n'est pas sans recul qu'elle chante : "J'avoue que j'ai cru à tout, que j'aime ce qui est fou; dans l'étrange , rien ne me dérange, je prends ce qui m'arrange".
Ces énigmatiques Histoires Naturelles baignent dans un véritable cabinet de curiosités, aux étagères emplies de papillons, paon, squelette assis, coquillage géant, salon transfiguré par de somptueuses et subtiles lumières.
En dehors de son nouveau répertoire, Nolwenn ose beaucoup plus, aussi. Seule au piano, elle touche par sa sincérité simple ("l'amour donne un sens à ma vie"). Elle reprend ses succés avec davantage de profondeur et de grâce. Elle étincelle toujours dans les reprises (Kate Bush, Cindy Lauper). C'est une force et une limite. Car Nolwenn n'a toujours pas un répertoire original suffisant pour tenir tour un concert au même niveau d'excellence. Une fois changée, elle a abordé un registre léger, plus schématique. Et donné un Air du temps, qui dans son cheminement n'est plus utile.
Ses rappels étaient détachés du reste, mais généreux et propres à combler mille fans heureux. Leurs rappels initiaux avaient taquiné les larmes de leur idole. Leurs chants finaux ont accompagné ces présents qui scintillaient sur le noir du piano.
CHRISTIAN FURLING
